D’après une étude de DNX, il y aura 1 milliard de nomades digitaux en 2035. Alors, même si leur définition du nomade digital est un peu large, mélangeant télétravail et véritable nomadisme numérique, c’est un phénomène qu’on ne peut ignorer.
Je peux d’autant plus vous en parler, que je suis nomade digital en famille, depuis juillet 2013 ! C’est donc avec une certaine expérience que je peux répondre à ces questions que vous vous posez sur les digital nomads.
[ Nous avons également posé ces petites questions à Sophie Gironi, nomade digital depuis son Camion Gari ! ]
Où vivre si l’on n’a plus de logement fixe ?
Patrice :
C’est un peu le concept d’être nomade ! 😜
Lorsque nous avons décidé de travailler tout en voyageant, nous avons réalisé que le monde pouvait être notre bureau, notre maison. Nous avons rendu les clés de notre villa en location dans le Var, et nous avons pris la route.
Nous n’avions (presque) aucune limite. Nous pouvions poser nos valises à l’autre bout de la France, dans une petite ville espagnole ou à Chiang Mai, en Thaïlande.
Pour le logement : merci Airbnb ! Cela nous permet d’être chez nous partout dans le monde. Ce sentiment n’est pas du tout le même lorsque vous êtes dans un hôtel.
Ce style de vie, un peu bohème, vous offre la possibilité de vous installer dans une ville, un pays, le temps de quelques semaines ou de quelques mois. Si vous ne ressentez aucun plaisir à y vivre, vous faites vos valises et prenez un train, ou un billet d’avion, pour un autre pays.
Cette liberté de mouvement est incroyable !
Sophie :
Nous avons choisi de garder notre logement, dont nous sommes propriétaires, avec l’objectif de le louer dans quelques années, mais surtout parce que pour l’instant nous avons des obligations professionnelles et familiales qui nous imposent de revenir régulièrement à notre ‘camp de base’.
Nous avons donc prévu du nomadisme intermittent, avec des périodes de voyage de 3-4 semaines et des retours d’une à deux semaine(s). Quant au lieu, le monde est notre maison, mais comme nous avons choisi de vivre en camping-car, nous sommes limités par son autonomie (et la distance que nous pouvons parcourir, aller/retour, pendant ces 3-4 semaines).
Pour l’instant, c’est plutôt l’Europe, également parce que nous avons vraiment besoin d’être connectés pour travailler, et que c’est plus facile pour le roaming 4G 😊
Lorsque nous aurons moins de contraintes, il est probable que nous pousserons plus loin.
Comment concilier voyage et travail ?
Patrice :
Être nomade digital n’est possible que si vous avez un travail réalisable en ligne, en tant que freelance ou chef d’entreprise généralement. Mais pas que ! De plus en plus d’entreprises acceptent, et même incitent, au travail remote. Aujourd’hui, des centaines d’activités sont possibles par internet.
Mais attention ! Beaucoup de personnes confondent nomadisme et vacances. Cela n’a absolument rien à voir ! Même si vous choisissez un lieu paradisiaque pour y résider quelques semaines, il est aussi votre lieu de travail.
Bien évidement, adopter ce mode de vie signifie aussi pouvoir profiter de votre environnement temporaire. Pour cela, il faut apprendre à séparer son temps de travail de son temps de loisirs.
Quel est l’intérêt de se trouver dans une destination de rêve si c’est pour passer 60 heures par semaine le nez collé à son écran d’ordinateur ?
D’un autre côté, vous ne pouvez pas non plus passer vos journées sur un transat au bord de la piscine, et négliger votre business. Il faut trouver le juste milieu entre les deux.
Nous pouvons choisir de ne pas travailler le weekend, ou prendre des jours de congés en pleine semaine. Nous redéfinissons notre propre semaine de travail en fonction de ce que nous planifions sur le plan sorties, découvertes, rencontres… Mais aussi de nos impératifs professionnels.
Lorsque l’on est son propre patron, ce qui est le cas de la grande majorité des nomades digitaux, il faut aussi apprendre à prendre son temps. Ce qui n’est pas toujours facile !
Sophie :
Là encore, ça dépend des situations.
Je suis freelance et je bosse sur d’autres projets personnels qui n’impliquent pas forcément de contacts avec l’extérieur, pour autant je m’impose un rythme de travail hebdomadaire, avec des matinées toujours consacrées au travail et des après-midi parfois plus libres, 5 jours sur 7, et le samedi matin consacré à l’administratif, aussi bien pro que perso.
Comme Nicolas (mon conjoint) est salarié, nous nous calons malgré tout sur son rythme, 5/7, 9h à 19h, et ça facile quand même les choses.
Nomade ou sédentaire, la régularité est souvent compliquée pour les indépendants, et en voyage, on a tendance à vouloir profiter des lieux et des gens, ce qui n’aide pas forcément à avancer !
A quel rythme se déplacer ?
Patrice :
Depuis presque six ans que nous vivons ainsi, j’ai croisé de nombreux nomades digitaux pressés de visiter un maximum de pays. Ils avalent les kilomètres. Ils changent d’hôtel tous les 3 jours, faisant et défaisant, sans arrêt, leur valise.
Comme si le temps leur était compté, jusqu’à s’épuiser physiquement et mentalement. Ou bien si leur but était de battre le record du plus grand nombre de pays « faits » en un mois.
Pour nous, quand on est nomade digital, on ne « fait pas un pays », on y vit. Comme une mini-expatriation. C’est ce qui fait une énorme différence dans votre manière de vous déplacer.
Et pour en profiter réellement et s’enrichir de nouvelles cultures, ralentir le rythme est un point important. Depuis le début, nous avons adopté le slow travel. Nous restons un mois sur place, parfois deux ou trois. Nous, nous louons un appartement avec suffisamment d’espace de travail et, bien évidement, l’indispensable bonne connexion internet. Mais on peut aussi choisir de travailler dans des coworkings. Et, si l’on est seul, les auberges de jeunesse sont une alternative intéressante, tant pour le faible coût que pour les rencontres.
Le slow travel change totalement la façon dont on appréhende une nouvelle ville, un nouveau pays. S’intéresser aux habitants, chercher le contact avec eux, apprendre de leur culture : cela fait aussi partie de ce mode de vie. En choisissant d’être nomade digital, vous vous enrichissez sur le plan personnel grâce aux autres.
Ce mode de vie peut-être également un véritable boost dans votre parcours d’entrepreneur. Les rencontres et cet état d’esprit dopent votre créativité.
Sophie :
Là encore, en camping-car, c’est différent : on a pas vraiment besoin d’anticiper, de réserver un train ou un avion, de trouver un logement…
Du coup le rythme c’est plutôt « fréquent », mais pour des petites distances. Il peut arriver qu’on roule tous les soirs 30 à 50km juste pour changer de point de vue… ou qu’on se pose plusieurs jours dans un spot sympa ou pratique (comme par exemple quand Nicolas part à l’étranger pour son boulot).
Quel conseil donneriez-vous ?
Patrice :
Avant de vous lancer tête baissée, un billet aller simple pour la Thaïlande ou Bali en poche, concentrez-vous sur votre activité en ligne. Tout en préparant votre départ, assurez-vous de sa pérennité.
Car c’est elle le pilier qui portera tout votre projet de nomadisme digital. Elle vous permettra de voyager au gré de vos envies pendant le temps qu’il vous plaira. Bien sûr, cette activité pourra évoluer, voire changer totalement. Mais ceux qui partent sans avoir déjà une activité en place sont très souvent obligés d’abandonner ce mode de vie. Ou bien, ils ne peuvent réellement en profiter, toujours en quête de solutions pour continuer le voyage…
En ayant, au départ, consolidé la régularité de vos revenus, vous pourrez aborder votre nouvelle vie avec sérénité. Et, croyez-moi, cela fait toute la différence !
Sophie :
Je dirais surtout de ne pas tout lâcher pour devenir digital nomad.
Ce n’est pas un métier, mais bien un mode de vie, et il vaut mieux commencer par trouver un boulot qui va permettre de le financer, s’assurer d’être capable de travailler à distance et de générer des revenus, avant de partir.
Nous sommes devenus nomades après avoir été en télétravail plusieures années, et cela nous a permis de mettre en place une organisation qui nous permet de rester efficaces même dans un camion de 12m2 😊